Black Blossom 1. Loved you first by Aimée Lou

Auteur:Aimée Lou [Lou, Aimée]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions addictives
Publié: 2023-09-24T22:00:00+00:00

III

HARMONIE

« La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue. »

Oscar Wilde

22

Harper

Pour la première fois depuis une éternité, nous sommes tous les quatre présents à la maison ce soir. Pas de problème urgent à régler au travail, pas de déplacement de dernière minute, pas de séjour entre eux pour se retrouver. D’un côté, je n’aurais pas dit non pour m’enfermer dans ma chambre et ne pas en sortir. D’un autre, je suis reconnaissant que mon père et Nora n’aient rien organisé ce week-end. Au moins, je ne suis pas en tête à tête avec Riley. Après ce qu’il s’est passé la veille au soir, je ne suis pas prêt à lui faire face ou à avoir une conversation. Quelle qu’elle soit. C’est simple, je ne le regarde même pas. Aucun des gars ne s’est fait choper par la direction, par contre, je doute que les bouteilles aient échappé à leur vigilance.

Toujours est-il que c’est le cadet de mes soucis à l’heure actuelle.

J’ai été soulagé de ne pas le retrouver dans notre chambre quand je suis allé me coucher. Je pense qu’il fait exactement comme moi : il fuit.

Il n’était pas là à mon réveil et je le soupçonne d’avoir pris le bus puisqu’il était déjà à la maison quand je suis arrivé. Cependant, ce soir, nos parents ont décidé qu’un film en famille serait une bonne idée. Et aucun de nous n’a envie de protester.

– Vous ne nous avez pas raconté votre soirée, révèle Nora. C’était comment ?

Sa requête me crispe de la tête aux pieds et je m’assieds dans le fauteuil encore libre du salon. Autant m’épargner le risque de me retrouver à côté de Riley lorsqu’il finira par se pointer. Mon père, lui, a déjà la télécommande dans une main et un verre de vin dans l’autre. Son bras est posé sur l’accoudoir du siège à l’opposé du mien et il me fixe sans rien dire, l’air grave.

– C’était sympa, me contenté-je de répondre en récupérant une poignée de pop-corn dans le saladier sur la table basse.

– C’est tout ? insiste-t-elle.

Mon front se plisse de confusion et je lui lance un coup d’œil en biais. Elle me dévisage, assise sur le canapé, les bras croisés contre sa poitrine. Je n’arrive pas à savoir ce qui se dégage comme émotion de son visage.

Je ne suis pas très au fait concernant les mères. J’avais 10 ans quand la mienne est morte, mais mes souvenirs sont assez altérés par le deuil. Chacun réagit différemment ; moi, j’ai l’impression d’avoir fait une croix sur ces années auprès d’elle pour m’empêcher de souffrir au moindre souvenir. Je ne sais pas comment elles fonctionnent. Est-ce qu’elles sont autoritaires, moins strictes, plus inquisitrices ? Est-ce qu’elles posent vingt mille questions parce qu’elles sont curieuses ou est-ce qu’elles sont plutôt comme mon père, détachées de tout ?

Il a été très présent dans mon éducation durant les dix premières années de ma vie, il m’a inculqué des valeurs, c’est indéniable. Depuis que je suis à Evergreen, en revanche, il délègue volontiers le sujet à l’école.

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